LOGORALLYE ! Les MàNAA empruntent dix mots à l'inventaire des genres de Roland Barthes


"Il était une fois... une jeune dame gardée sous le MANTEAU de ses plus proches parents. Agacée de constamment devoir se serrer la CEINTURE et de se faire remonter les BRETELLES, celle-ci décide de rendre son TABLIER et de retourner sa VESTE. C'est alors qu'elle fuit loin de la maison et se réfugie dans les bois, endroit qu'elle croit connaître comme sa POCHE. Or elle finit toujours par se perdre, mais ça, c'est une autre paire de MANCHE. Une fois sortie de sa détresse, elle déniche miraculeusement une robe qui lui va comme un GANT. Là, elle ne tarde pas à trouver CHAUSSURE à son pied. C'est la rencontre avec un mystérieux inconnu, un coureur de JUPON peu habitué à se prendre des VESTES. On dit qu'ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants, mais nulle ne sait si Princesse n'en est pas venue à s'en jeter un derrière la CRAVATE."
Laura Fekih



 *

        Un jour j'enfilerai ma CAPE, et le monde suivra cette LIGNE, Il adoptera un nouveau STYLE, de vie. Car malgré que je sois CÔTÉ, pour l'instant je suis au BORD de la société. Je vous dis cela parce que ce soir, j'ai la BLOUSE ; la blouse à en écouter le musique puisque je ne suis pas sûr d'avoir la TAILLE pour joindre mon monde, au monde. Oui car ce monde je m'en ECHARPE ! Pour tenir le cou … Alors à défaut de prendre un COL, je sers de poids sur les épaules du monde … Je me sens CHÂLE.
Loïck Batardot
*
Ce matin au réveil, rien de nouveau. 5 h 00 du matin pas d'inquiétude, je suis à l'heure. Le temps de cligner des yeux et il est déjà 7 h 42, là je suis en retard. Pas le temps de manger, je dois privilégier l'habillage. Je pose à peine un pied à terre que je tombe dans un capharnaüm digne d'une description des enfers. Je devine que je piétine mes vêtements. Cette soudaine violence ne leur plaît pas et ils choisissent de riposter.
Mes deux bracelets se jettent à mon poignet gauche et m'immobilisent sur le sol. Leur morsure est si puissante que j'arrive à peine à soulever mon corps du plancher. A la merci de mes habits, je ne peux qu'espérer que mes vêtements ne soient pas dépareillés. Du coin de l'œil, j'aperçois ma marinière qui glisse sur le sol. Arrivée à mon niveau, elle m'engloutit jusqu'au ventre. Sur mon fauteuil, mon châle vert prend son envol pour atterrir sur mes épaules. De loin, j'observe ma jupe jaune et mon jupon qui se lancent dans un combat que je décris comme sanglant. D'un bond, la jupe s'élance vers moi et aspire mes jambes. Pour se venger, le jupon la recouvre entièrement, la faisant disparaître. A côté de mon armoire, mes babouches prennent leur élan pour courir jusqu'à mes pieds et les mordre au dessous des chevilles. Mes bracelets me forcent à me mettre debout. Ma toque en fausse fourrure se pose avec violence sur mon crâne décoiffé. Sur mon bureau, mon écharpe se prépare à une attaque. Brusquement, elle m'entoure le cou en m'étranglant. Derrière moi, j'entends mes moufles s'agiter. Elles bondissent et me croquent les mains.
Le calme s'installe. La tempête arrive. Le kimono que j'ai ramené du Japon s'élève en l'air et me serre avec violence, me propulsant hors de ma chambre.   
Gwendoline Jésus
 *
 
     La basque
     La basque, tout comme un bas en bas du canezou, accroché par la chaîne, délaissée abandonnée entre babouche et martingale. Triste et seule face à la manche, crie au secours !
     Rien, pas un pli. Peut-être au loin à l'horizon une barboteuse mais rien, pas un bruit.
     Seul l'ensemble est capable d'associer le devant du dos, le haut du bas. 
Rémy Lenoir
    Fleur court.
     L'humidité a plaqué ses cheveux blonds sur son visage angélique, à présent déformé par un rictus de panique.
     Tandis que ses poumons en feu lui réclament désespérément de l'air, elle tente un regard rapide derrière. Grossière erreur.  La voilà qui s'affale de tout son long dans la boue, salissant son beau manteau blanc et déchirant son pantalon en velours côtelé. Mais, après tout, son style vestimentaire n'a plus aucune importance. En totale désynchronisation, ses mains agrippent les feuilles mortes humides dans un mouvement frénétique, tandis que ses genoux pataugent dans un sol détrempé. La voilà enfin debout …Mais la voix résonne dans la forêt : "Mon petit ? Viens par ici, ta Mère-Grand a un joli habit juste pour toi !" L'image de l'ensemble rouge, trônant dans la vitrine du salon, de ces gants brodés, cette écharpe tissée … et ce chaperon … Fleur aurait dû se méfier de la petite mamie en tablier blanc dans sa camionnette bordeaux . Et surtout lorsque, portant le nom d'une enseigne de la région, celle-ci ne connaît pas le chemin et demande de l'escorter … Pour finir par l'emmener dans une maison aux murs délavés, à la toiture entravée et où, à l'intérieur, tout est carrelé de blanc. Seule cette vitrine glauque, gardant l'ensemble vermeil, tranche avec le reste du décor.
     Son sang se glaça lorsqu'elle reconnut au loin le bruit d'une ceinture que l'on claque au sol.
"Allez, ma fille, ne faits donc pas l'enfant, viens donc essayer ton ensemble, qu'on puisse s'amuser toi et moi …" 
    Fleur ne sait pas ce qui l'attend quand Mère Grand l'attrapera. Parce que Mère Grand attrape toujours ses proies. Elles ont toutes essayé, refusé de porter le capuchon, de fuir par la forêt, de s'enfoncer de puis en plus dans ses profondeurs… Sans savoir qu'au bout, tout le parc est ceinturé d'un mur de fer, infranchissable. Son terrain de jeu. Un sourire s'esquissa sur ses lèvres maigres. Elle essuya ses mains sur son jupon, et son rire glauque transperça la nuit. Que la chasse commence.
Marine Bourdon
*
 
 
La tenue
Lorsque l’azur se lève, il est temps de se décider sur la tenue que l’on souhaite adopter jusqu’au soir. Va-t-il falloir se faire remarquer ou alors, être capable de se camoufler, de se faire disparaître dans une masse d’individus. Chaque détail a son importance. C’est pourquoi l’ourlet d’une chemise ou d’un pantalon. L’écharpe ou la cape d’une tenue, doivent être choisis avec la plus grande prudence. Chaque espèce d’accessoire doit trouver son sens et sa place dans notre journée. Si nous nous élançons dans une journée studieuse, alors on optera volontiers pour des motifs géométriques, aux formes triangulaires ou cubiques. Cela nous donnera de l’assurance et du courage. Mais si l’on souhaite se camoufler, mieux vaut éviter les écharpes à pois ou les gilets rayés trop colorés. Alors, mesdames et messieurs, nouez cette cravate en nid d’abeille à votre cou, et allez-vous en travailler !
Antoine Bertholom
 
*
 
Les bigoudènes
Le jour de leurs noces, les Bigoudènes se parent de gilets aux couleurs vives, de broderie d’or et de perles. Leurs talons claquent quand elles dansent et leurs jupons volent.
Mais leur gloire, c’est leur coiffe de dentelle fine aux motifs de fleur, qui s’élance vers le ciel, au mépris des coups de vents et averses qui balaient souvent la contrée. Toujours plus haut ! C’est un défi qui oblige les femmes à un port de tête d’une incontestable noblesse.
Dans ce pays à la fin des terres, la coiffe commande le chapeau, ce sont les femmes qui méritent de commander à force de sacrifice, d’abnégation et d’orgueil indomptable. Il est impossible sans elles d’expliquer un quart de ce que nous sommes, car si les coiffes s’évanouissent année après année, l’héritage des Bigoudènes est plus que jamais vivant.
Enora Gourlaouen

 
 
*
 
Devine qui vient me voir la semaine dernière, ma Claudine ! la pauvre ! J’vois bien qu’il y a quelque chose qui cloche, c’est pas son style de se mettre dans tous ses états, de se prendre le chou, mais j’ai senti que c’était à cause de cet homme auquel elle s’attache, se rattache, se raccroche, se rattrape…
     Elle voulait pas m’le dire, prend des pinces, fait le pourtour de la chose, me cache – à moi ! ce qui se passe, elle est de mauvais poil aujourd’hui, c’est tout ce qu’elle me dit…
     Et moi de lui répondre, « my baby-doll, tu caches tout, cache-poussière et par-dessus tout, à moi tu n’oses pas avouer les fautes de ton prince, de grâce, de Galles ! Plaque-le ! Que veux-tu que j’te dise d’autre, il est collant, collé à tes basques, toujours sur tes talons tout le temps, mais suffit que tu tournes le dos, voilà qu’il te fait des infidélités ! Il est complètement toqué, ce coureur de jupons, renvoie-le dans ceux de sa mère Berthe ! »
    Je lui ai dit « Chanel, ma belle, tu ne trouveras un autre ! Tu verras, tu verras, dès ce soir, je t’emmène, dans de riches lieux, briser les chaînes de ton nouveau célibat ! » Et là elle me répond : « Je suis imperméable à toutes tes critiques. » Han ! des critiques ! Que veux-tu, ma Claudine, elle l’a dans la peau son italien, d’une flèche au cœur, il l’a eue la Chanel, oh là là, elle s’en rendra bien compte un jour, mais trop tard…
Lucigaël Vaiti
 *
    En ce moment, l’hiver est rude. L’utilisation d’une chaufferette de poche est devenue indispensable ! Plus qu’un outil, la chaufferette est devenue l’article de mode pour être swag… Il existe plusieurs types de chaufferettes, la chaufferette-bonnet, bandeau, cravate, plastron et j’en passe ! La chaufferette a été créée par l’armée qui l’utilisait dans leur combinaison de sport pour faire maigrir rapidement après les grandes fêtes telles que Noël. Mais un jour, un soldat effrayé à l’idée d’aller en mission au Pôle Nord, eut l’idée de les intégrer à ses vêtements. Tout y passe : chemises, tabliers, blousons, maillots… À son arrivée sur place il eut aussi chaud qu’une belle journée ensoleillée d’été, sauf qu’il n’y avait pas de soleil ! Dès son retour de mission, il commercialisa son idée, qui eut un succès fou, même en Afrique…
Olson Classonel
*
     
 Être femme et non féminine
      Certains diront qu’elle était belle mais elle l’est toujours. Ni robe, ni talons, ni style et des cheveux courts. Elle cache progressivement sa féminité derrière son manteau. Un manteau pratique, sans esthétique, sans superflu. Une taille dissimulée à cause de tant de mots jetés, avalés et emprisonnés.
     Pas une larme n’a coulé sur sa joue, trop de fierté pour admettre qu’elle reçoit des sacs de coups.
     Une inspiration, elle remonte ses manches et se donne pour nous.
     Pas de reconnaissance mais elle continue, en gardant ses colliers, bracelets seuls souvenirs d’un amour effleuré. Je te dois toute mon armure et jamais je n’espère déposer de fleur sur ton lit car la vie est faite pour des personnes comme toi maman…

Mélissa Rioul
*
 
  C’est le grand moment. Elle m’attend, depuis un moment déjà, allongée sur le lit. Resplendissante. J’ai pris tout mon temps jusqu’ici, de peur de la brusquer. Ou plutôt parce qu’elle m’intimidait dans sa grâce silencieuse. Je dois pourtant me lancer. Je le sais bien. D’ailleurs, c’est pour cela que je m’approche d’elle. Et quel spectacle ! Tout en m’avançant, ce sont de nouvelles parcelles de son être que je découvre, à nouveau, et qui m’émerveillent. Peut-être que poser mon regard sur sa taille me rassure… Ses hanches harmonieuses et sa poitrine rebondie, tout en elle m’attire et me conforte dans l’idée que je me fais d’elle. Serait-ce cette perfection qui m’étouffe tant ? Cette perfection qui me rappelle ce que je m’apprête à réaliser, qui me confronte à la réalité de l’instant… Non il ne faut plus réfléchir. Juste se contenter d’agir, fermement, délicatement tout de même, mais sans pression.
    
     Ça y est, me voilà face à elle. Toute de soie vêtue, au vêtement brodé de motifs floraux et aux bijoux éclatants, même sa tenue aux couleurs chaleureuses me passionne. Je pourrais rester des heures à analyser chaque détail… Je me surprends alors à déboutonner son col, déchirer le vêtement, puis sa doublure, puis à détacher chacun de ses accessoires. Quelle étrange sensation. Elle ne réagit même pas. Je n’ai donc pas à avoir honte de moi. Tout se déroule bien. Quel soulagement. Je peux continuer, tout de même, à l’admirer un peu ? Je n’y vois pas de mal… « Tu es si belle… »
     « Quoi, t’as parlé ? » Une voix rauque surgit tout à coup de nulle part. La voilà qui reprend : « J’t’ai pas écouté, désolé. Tu disais ? Eh mais… T’as toujours pas commencé ? » Ah, c’est lui. Sacré Franck, il n’y comprend décidément rien.
     « Tu sais bien que c’est ma première fois…
     -  Rien à faire, c’est pas une raison pour fainéanter. Allez, finis-en vite, je te regarde. Comme ça, je te dirai si tu t’y prends bien. »
     Il n’a pas tort. Je suis complètement perdu dans mes pensées en oubliant tout ce que j’avais appris jusqu’ici. Plus question de reculer.
     « Donc je commence par la vider, et après je pourrai l’embaumer, c’est bien ça ?
     -  T’as tout compris ! Lance-toi à présent. »
     Génial. Dépecer un si joli corps me pince un peu le cœur, mais je peux enfin faire mes preuves à mon futur patron. Alors voilà. C’est ainsi que tout prend fin. Adieu gente demoiselle, je vais me surpasser pour que ta famille admire ton si joli visage une dernière fois. On se revoit à ton enterrement.
Camille Chautru
 




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire