Avant La Nuit des Rois

Travail de mise en scène d'extraits de La Nuit des Rois de Shakespeare


 


 
    
I, 5 Olivia, Malvolio et Feste (dédoublé !)
 
 
 
Viola travestie en Césario et Feste, le fou (I, 5)
III, 4
 
 
 
Sir Toby et Sir Andrew (II, 3)
 
 
 
Feste (I, 5)

Spectateurs de la Vie dans les plis, aux Amandiers


 
Premier spectacle de notre saison au théâtre des Amandiers de Nanterre :
La vie dans les plis, d'après des textes de Michaux,
mis en scène par Blandine Savetier et Thierry Roisin
 
 
 
 
 
Premier tableau
 
    La pièce démarre, c'est la première scène, le premier tableau. Entrent plusieurs personnages ; ils marchent, avancent, reculent, s'assoient, s'agitent, ralentissent, repartent. Il y a du mouvement partout. Mais lentement, dans le fond,  une ombre semble se mouvoir. Un corps, recouvert de noir, le visage caché, rampe. Il rampe centimètre par centimètre, d'un bout à l'autre de la scène. Au coeur de l'agitation, sa présence est sourde, presque invisible ; pourtant elle me saute aux yeux. Cet être semble malade, fragile, vulnérable. Il paraît dénué de vie, plus proche d'une mort immente. L'angoisse s'insinue lentement, au rythme de son avancée, dans ma tête. Comme un malaise, un bourdonnement sourd, présent sous l'effervescence de cette scène, qui nous plonge dans la tête de Michaux.
Marine Dos Santos
 
 
 
 
"Dès le début l'ambiance est donnée, noire, glauque.
Des personnages qui rampent, des silhouettes étranges
tout droit sorties d'un film d'horreur, d'autres êtres déjantés.
Une musique bruyante, une cacophonie assumée,
assourdissante, un texte décousu, pas de filiation
possible, il faut oublier la logique,
il n'y en a pas."
 
Juliette Goulam


 
 
 
 
 
Un beau délire lyrique !
     Des personnages plus dingues les uns que les autres, des costumes atypiques, une mise en scène sans queue ni tête, et pourtant … on adhère !
     Le spectacle nous transporte dans l’univers d'un auteur insaisissable dont les textes nous illusionnent, par leur humour sarcastique et leur vitalité poétique. Le jeu des acteurs est tout aussi phénoménal : quel plaisir de voir Anne Sée nous tenir un discours extravagant sur la couleur rose, ou encore d'admirer Irina Solano déambuler sur la scène et nous montrer son penchant infini pour la danse. L’orchestre ajoute à la pièce encore plus d’ardeur faisant presque trembler les murs du théâtre. Le public reste scotché, avec la sensation d’être en pleine hallucination, comme dans un rêve ou pour certains un cauchemar … Mais c’est un pari réussi pour la troupe qui a su nous transporter avec elle et nous faire décoller de notre siège.
Laura Pizon
 
 
"Durant cette heure et demi j'étais vraiment dans la tête, dans l'esprit d'Henri Michaux,
je voyais ses haluucinations, vivais ses récits, partageais ses migraines
ou autres bruits sourds, j'étais sous mescaline."
Mathilde Gignoux
 
 
 
        "Lorsque tout ralentit et que des figures angoissantes traversent la scène - qu'on peut considérer comme l'espace mental de Michaux, c'est là que je retrouvai le mieux l'auteur qui loin de m'inquiéter, m'aide au contraire à supporter les périodes où mon propre théâtre mental est investi de pareils personnages. "Mon malheur (...) dans ton horreur (...) je m'abandonne" : il a de la franchise dans sa névrose, mais dans la mise en scène, ce qui reste rassurant, c'est que même dans ces moments de flottement, l'orchestre silencieux rest un lien au réel et à la raison."
Solène Petit
 
 
 
 




 
Quelque part vers le large
     Rose, blanc, noir, le ton est donné : tonitruant, assourdissant lors des passages sous mescaline et soudain d'étonnantes silhouettes hybrides traversent la scène. Sur fond de ruelle les musiciens du balcon se mêlent aux comédiens. La multiplicité des rythmes qui voient se succéder les tirades, les costumes, les jeux muets, nous déstabilise et nous emmène au loin, quelque part vers le large, où l'on se laisse vite emporter par les courants, bercés par d'impétueux remous.
Anaëlle Carpentier
 
 
 
 
"L'intérêt est peut-être dans le fait de voir
quelque chose qui nous dépasse, nous qui
cherchons toujours un sens."
Cassandre Jack
 


Médiateurs de l'exposition d'Akemi Noguchi


Lundi 15 octobre : six étudiantes de MàNAA
présentent aux élèves de grande section
de l'école des Moissons de Vauréal, 
l'exposition du graveur japonais Akemi Noguchi,
à la Petite Galerie. 

 
 







 

Connaissez-vous le Japon ?

 





Comment graver...




La lune folle et À marée basse
Estampes d'Utamaro, fin XVIIIe siècle.




 

 


 

De retour à l'école, les écoliers
ont raconté leur "sortie au lycée Camille Claudel"...
 

Lecteurs d'Akira Mizubayashi


     Parcourant Une langue venue d'ailleurs, nous nous arrêtons sur un "souvenir-cicatrice" qui a meurtri l'auteur japonais Akira Mizubayashi, ce genre de lapsus qui résonne encore en soi... Puis chacun de nous cherche le souvenir d'un rapport singulier à la langue, qu'elle soit maternelle ou étrangère.


     "Un souvenir, c'est beaucoup dire, je dirais plutôt un manque de souvenir, je ne me souviens plus, je ne me souviens jamais. Alors j'invente ou je réinvente la langue française, pour qu'elle devienne ma langue." Camille Caillet

 
 

R.I.E.N

     "Depuis que j'ai appris à écrire, j'ai rencontré un problème, il s'agit de l'orthographe. Je suis une ancienne dyslexique. En CE1 ma maîtresse m'appelle à son bureau pour qu'on puisse parler de ma dernière dictée : il y a une faute qu'elle n'a pas saisie. Elle me montre l'intéressée. Je lis le mot "rien", ce simple mot où il n'y a aucun piège, et pourtant j'ai quand même réussi à mal l'orthographier. J'ai écrit R-I-E-N-D. Je me suis alors revue l'écrire pendant la dictée, et à ce moment-là pour moi il s'agissait d'un verbe ! J'ai conjugué le verbe riendre." Joanna Jameux
 
  

     "Il y a quelques années, en CM2, lorsque la maîtresse nous donna des sujets d'exposé à présenter à l'oral, je sentis monter en moi un sentiment de malaise, car j'étais très timide. Le travail de recherche terminé, ce fut, pour ma camarade et moi, le grand moment de passer au tableau.
     Dans la précipitation, une erreur s'était glissée dans notre texte, et c'était bien sûr à mon tour de lire... Au lieu de dire le mot "cahier", stressée, je lus bêtement l'erreur et prononçai "chier", devant toute la classe, qui se mit évidemment à rire. Je n'ai jamais eu aussi honte." Juliette Goulam
 
 

Française

 
     "Printemps 2011, il est huit heures du matin. Des dizaines de personnes attendent dans le couloir, certains révisent, d'autres se concentrent et font le vide dans leur esprit. Moi je me tiens debout face à la porte, j'ai peur et pourtant je connais mes textes. Quarante-deux textes lus, relus, appris et commentés, juste pour ce jour. Dix heures. Je suis la dernière de la liste de passage. Je connais mes textes. Je ferme les yeux et me concentre sur ma respiration. L'examinatrice m'appelle, je rentre dans donc dans la salle, et c'est là que tout commence. Le sujet, que je connais si bien, me devient étranger. Lorsqu'elle m'appelle à sa table, elle me demande de lire le texte, et les mots ne sortent plus, ou du moins ils sortent différemment. Face à mon désespoir, l'examinatrice me demande alors : mais êtes-vous vraiment française ?" Justine Vialle
 
 
     "C'était au collège, quand je commençais à dessiner des mangas, je ne m'intéressais pas à un autre aspect du Japon à ce moment-là. Une camarade d'origine japonaise me fit écouter une musique. C'était une musique douce, jouée au piano - la mélodie m'a complètement enchantée et c'est à partir de cet instant que j'ai voulu apprendre le japonais. La langue me parut si simple et douce, il y avait une harmonie parfaite entre les voix et le piano, j'en étais éblouie. Les voix qui chantaient en japonais me paraissaient fascinantes, je voulus comprendre et parler le japonais, pour prononcer d'aussi belles paroles." Septime Bassingha 
 
     "Au cours de mon premier voyage, seule à l'étranger, un incendie sur la voie contraint l'ensemble des voyageurs à s'arrêter à la gare de Franckfort. Aucune information ne nous fut apportée. J'étais perdue au milieu de ce paysage que je ne connaissais pas.
     Pour me sortir de cette situation délicate, je tentais alors de franchir, de briser, cette barrière de la langue, ou plutôt cette succession de voyelles et de consonnes qui mises dans cet ordre m'étaient totalement étrangères.
     À force d'effort et d'attention, elle me parut presque familière, c'était clair désormais, elle délivrait son sens dans son essence, dans ses envolées et ses éclats."  Anaïs Caulat
 
 

Crayon de papier

     "C'était en CP, nous étions tous assis à notre place habituelle, le silence régnait sur la classe. Chaque élève tenait un crayon de papier à la main, en écoutant attentivement les consignes de la maîtresse. L'exercice d'écriture commença et le stress s'installa peu à peu.
     C'était le jour le plus important de notre vie d'écolier. Nous voulions nous surpasser, nous voulions prouver que nous étions devenus grands.
     C'était pourtant un exercice qui ne nous était pas inconnu. Nous l'avions pratiqué tous les jours depuis des semaines. C'était presque devenu un jeu. Mais ce jour-là, le fait de recopier des lettres avait pris beaucoup d'importance, car juste avant de commencer, la maîtresse nous avait annoncé qu'à la fin de la journée, elle déterminerait qui pourrait écrire au stylo (comme les grands)." Cécilia Lourdes Maguimey


 
     "Je n'ai jamais aimé l'école avant le lycée, sûrement à cause des professeurs qui n'étaient pas tendres avec moi. Mais celle qui m'a le plus marquée est madame S***, professeur de français au lycée. Un jour ma trousse est tombée par terre, et là, elle me balance : "Anastazja, vous n'êtes pas encore femme de ménage." Je l'ai avoué il y a peu à ma mère." Anastazja Szuba
 
 

Nevertheless

 
    "Réfugiée dans la chambre apaisante et calme de ma soeur, elle assise en tailleur, moi allongée à ses côtés. Nous révisions ensemble les épreuves du bac depuis quelques jours. Son calme et son imperturbable concentration ma valurent d'étudier avec elle. En anglais, nous apprenions les mots de liaison par coeur, elle me trouvait des moyens mnémotechniques que j'approuvais tous sans exception. Nous les récitions tous, l'une à l'autre, plusieurs fois à la suite. Comme ce mot "nevertheless", qui commence par un "N" comme sa traduction, "néanmoins". Tellement facc=ile, tellement évident. "Nevertheless, néanmoins, nevrtheless, néanmoins...", répétait ma soeur en insistant sur les "N". Le jour du bac, j'étais fière d'avoir employé ce mot, je le rapportai à ma soeur : "j'ai utilisé "nevertheless" ! Ma phrase était semblable à quelque chose comme : les filles sont sorties en trombe, alors qu'il pleuvait depuis quelques secondes. Nevertheless.. alors que !"
     Mais comment ne m'en rappelai-je pas ? j'avais le sentiment d'avoir trahi ma jumelle, elle qui m'invitait chaleureusement dans son cocon pour m'aider. C'est ça, je l'avais trompée. À ce moment, je sentis la culpabilité monter en moi." Cassandre Jack
 
 

Peut-être

     "J'avais treize ans, je vivais avec mes parents et mes deux soeurs cadettes. Ma mère avait décidé d'engager une jeune fille au pair d'origine hispanique, pour nous apprendre à moi et mes soeurs les bases de l'espagnol.Wendy, jeune mexicaine, était arrivée chez nous et essayait d'apprendre le français à son ryhtme. Petit à petit, des mots ressemblant au français sortaient de sa bouche, cependant elle se trompait encore sur la prononciation. Quand on lui disait "peut-être", elle comprenait sa signification "puede ser", "quizàs", mais quand elle le répétait, cela sonnait plutôt comme "poutré". Ma famille et moi ne relevions pas, faute d'attention et n'ayant aps envie de la déstabiliser. Pendant presque six mois elle dit "poutré" à tout son entourage, elle nous avait même convertis. mais un soir, en rentrant des cours de français qu'elle suivait, elle nous demanda si "poutré" était un vrai mot. On lui expliqua que non et la cuisine fut envahie de rire." Mathilde Gignoux
 

Salud

 
     "Depuis que je suis arrivée en France, ma perception par rapport aux langues a changé. D'un coup je réfléchissais tout le temps pour utiliser des mots, ce n'était plus quelque chose d'automatique. Même, de temps en temps, je réfléchissais à propos de la pensée, les personnes qui m'entourent, pensent en français et moi je pense en espagnol. Il y a quelques jours, à l'abbaye de Maubuisson, j'ai éternué et Iris m'a dit "À tes souhaits !". Elle m'a alors demandé ce qu'on disait dans mon pays lorsque quelqu'un éternue : on dit "salud" (on prononce "saloud") et ça veut dire "santé" (et non "salut"). Les copains qui étaient là ont ri, parce que c'est quand même marrant de dire "Salut !" lorsque quelqu'un éternue... Alors à nouveau cette réflexion sur la langue revient en moi : même pour les blagues, il faut bien connaître les langues." Angela Martinez




     "Je ne me souviens pas d'une langue mais de quatre. Se mélangeant et cheminant difficilement les unes avec les autres, les unes contre les autres et parfois les une par-dessus les autres. Le tout parsemé de rires et sur fond musical. Espagnol, français, français, anglais, chinois, anglais, français à nouveau... Un Vénézuélien, un baroudeur, deux Bretons, une Taïwanaise et moi. de cet immense fatras linguistique ressort l'idée que même non maîtrisée, la langue, les mots font sens. Le monde s'éclaire lorsqu'on ouvr ela bouche. Telle personne passée inaperçue par sa maladresse s'illumine avec l'aisance et la fluidité de sa langue maternelle. Enrique n'osait pas, vivien et son frère ne savaient pas, Chu Ping suivait difficilement, Clément, le seul à l'aise, riait, et j'étais perdue. Affolée de tant de nouvelles possibilités. Découvrir une langue, c'est découvrir un monde, la comprendre et la maîtriser, c'est l'habiter. Ce jour-là j'ai vu beaucoup de paysages et je cherche toujours celui où m'établir, en m'imaginant bien, sil faut poser un pied, en poser un dans chaque pays." Solène Petit

Working and Writing on Land Art

I'm gonna fade into the background. 
This is not a place for me to stay. 
I feel like living something.
 I run and lay down on the wilderness 
Fearless on my breath 
I inhale the nature’s oxygen.
Julie Matta



Something's growing. And it becomes bigger, and bigger, and bigger. And then you feel uncomfortable in yourself, as if guilty. As if stuck in the spider web you've just created.
Léna Marciano

End of the road
Only man can put a limit to freedom and wildness. 
Alice Fouché